L’open source s’impose dans l’IA : souveraineté et transparence
La tenue du Sommet pour l’action sur l’IA à Paris a mis en avant l’importance des communs numériques dans l’intelligence artificielle. De nombreux médias ont souligné la « bataille de l’open source » menée par la France face aux géants américains comme OpenAI, avec Emmanuel Macron et diverses entreprises françaises prônant le développement d’IA ouvertes afin de partager plus largement les bénéfices de ces technologies. Cette stratégie, soutenue par des infrastructures telles que le supercalculateur Jean-Zay, vise à renforcer la souveraineté technologique européenne (Le Monde: «L’open source, rempart à la domination des IA fermées?»).
Un article du Journal du Net rappelle qu’il est indispensable d’affirmer cette souveraineté technologique en misant sur l’open source, qui offre innovation transparente et indépendante dès lors que des investissements stratégiques l’accompagnent (Journal du Net – Souveraineté technologique, pourquoi miser sur l’open source). Le débat sur l’ouverture dans l’IA ne se limite pas à un affrontement entre blocs géopolitiques : il touche aussi à la transparence effective des modèles. Le quotidien Le Monde a mis en lumière la « part d’ombre » de certaines IA se disant open source, comme DeepSeek ou Mistral, soulignant que le degré réel de transparence reste variable, et que la communauté exige désormais des preuves concrètes (Le Monde: «Faux open source, vraie polémique»).
Alliances et outils mutualisés : quand les géants collaborent pour le bien commun
Fait notable, de grands acteurs concurrents unissent leurs forces autour d’un commun numérique : la création de l’ONG ROOST (Robust Open Online Safety Tools), soutenue par Google, OpenAI, Discord, Roblox, Hugging Face, Microsoft ou Mozilla et dotée de 27 millions de dollars pour ses premières années. Son objectif : des outils de modération de contenu en open source accessibles à toutes les plateformes (Le Figaro – «ROOST, la coalition pour une modération open source»). L’initiative ROOST, dans un contexte de préoccupations sur l’IA et la désinformation, promet de mutualiser des infrastructures de sécurité au bénéfice de tous.
Dans le même esprit, la communauté open source se mobilise pour combler les manques de certains projets IA : alors que la startup DeepSeek affiche un modèle R1 “open source” sans divulguer toutes les données, les chercheurs de Hugging Face lancent Open-R1, invitant les développeurs à contribuer pour créer un équivalent véritablement libre (Hugging Face – Open-R1 Announcement).
Les pouvoirs publics encouragent également l’innovation collaborative : à Paris, le hackathon GenAI for Public Good a réuni une centaine d’experts internationaux pour développer des communs numériques en IA au service de l’action publique, produisant plusieurs prototypes open source destinés à améliorer des services publics comme la santé et l’éducation (ActuIA – Retour sur GenAI for Public Good).
Pression sur les mainteneurs et modèles économiques émergents
La dynamique open source soulève aussi la question de la soutenabilité. Un article du média britannique The Register met en garde : « Open source maintainers are really feeling the squeeze », décrivant la pression subie par les mainteneurs bénévoles, parfois au bord du burnout (The Register – Open source burnout). Lors de la conférence State Of Open 2025, le développeur principal d’Asahi Linux a raconté son épuisement et sa démission, révélant à quel point l’écosystème repose souvent sur un travail volontaire épuisant.
Les modèles économiques pour soutenir les communs se diversifient : l’Inria a récemment lancé Probabl, une startup chargée du développement durable de la bibliothèque Scikit-learn, financée par France 2030, afin de professionnaliser les mainteneurs clés (Inria – Lancement de Probabl). Du côté de la Linux Foundation Europe, l’initiative OpenSSF veut aider les projets à se conformer au nouveau Règlement européen de cybersécurité, prévoyant un support mutualisé pour sécuriser les logiciels libres (Linux Foundation Europe – OpenSSF Updates). Tous ces exemples montrent que l’écosystème tech prend conscience qu’un commun numérique a besoin d’un financement et d’une gouvernance pérennes pour perdurer.
Des communs qui boostent l’innovation… et les carrières
Les communs numériques sont devenus un moteur d’innovation et un facteur d’opportunités professionnelles. Sur le site Indeed, on recensait récemment plus de 1000 postes en France exigeant la compétence “open source”, preuve de la recherche active de profils maîtrisant les technologies ouvertes. Les organisations comme Red Hat ou Probabl offrent des certifications sur des communs, institutionnalisant encore davantage la reconnaissance de ces compétences (Indeed – Recherches pour «open source» jobs).
Par ailleurs, la Fondation Wikimedia rappelle l’impact colossal de Wikimedia Commons, dont la valeur économique potentielle est estimée à plusieurs dizaines de milliards de dollars en termes de réutilisations d’images (Wikimedia Diff – Commons Impact Study). Les communs de la connaissance (Wikipédia, OpenStreetMap, etc.) forment désormais des infrastructures invisibles soutenant l’économie numérique. Enfin, l’esprit collaboratif s’étend à des projets inattendus : des bénévoles travaillent à la compatibilité de la Touch Bar des anciens MacBook sous Linux, un parfait exemple d’innovation incrémentale portée par la communauté (MacGeneration – Touch Bar Linux Driver).
Sources
- alliance.numerique.gouv.fr/hackathon/ai-action-summit-fr
- www.alliancy.fr/ia-un-hackathon-pour-repondre-aux-defis-critiques-dinteret-public
- www.petitesaffiches.fr/genai-hackathon-for-public-good-un,33046
- www.numerique.gouv.fr/actualites/retour-sur-le-hackathon-genai-for-public-good
- b-com.com/en/news/sommet-pour-lia-bcom-et-orange-laureats-du-hackathon-genaiforpublicgood