Cloud computing
- Croissance du cloud stimulée par l’IA – Après un 4ᵉ trimestre 2024 très dynamique, les dépenses mondiales en services d’infrastructure cloud devraient encore augmenter de 19 % en 2025, portées par l’essor de l’IA (Cloud spending projected to grow 19% this year on back of strong 2024 | ITPro). En 2024, le marché a bondi de 20 % (321,3 Md$ contre 267,7 Md$ en 2023), la généralisation des modèles d’IA générant une demande accrue de ressources cloud. Les grands fournisseurs (hyperscalers) ont constaté un retour sur investissement de l’IA fin 2024 et prévoient d’accroître encore les dépenses en infrastructures cloud et AI en 2025 pour répondre à la demande. Cette tendance souligne que les workloads d’IA tirent fortement le marché du cloud, poussant les fournisseurs à étendre leurs capacités. Malgré un ralentissement temporaire en 2023, le cloud rebondit grâce à l’IA, ce qui devrait maintenir une croissance soutenue du secteur tout en intensifiant la compétition pour offrir la puissance de calcul requise.
- Akamai décroche un contrat cloud majeur – Akamai Technologies a été choisi comme fournisseur cloud stratégique par l’un des plus grands acteurs technologiques mondiaux, via un accord pluriannuel d’environ 100 M$ (Akamai wins $100m multi-year cloud contract with one of « world’s largest technology companies » – DCD). Ce client mystère s’appuiera sur l’offre cloud complète d’Akamai, y compris des clusters Kubernetes managés dans des clouds privés et des services de sécurité intégrés. En parallèle, Akamai a annoncé des résultats en hausse sur son segment “sécurité et compute”, et étend son réseau à 36 villes tout en prévoyant d’ajouter des services de conteneurs à sa plateforme. Ce contrat illustre l’émergence de fournisseurs cloud alternatifs pour des besoins spécifiques – ici, la promesse d’une latence ultra-faible et d’un réseau très distribué. Pour Akamai, historiquement connu pour le CDN, c’est une validation de sa stratégie cloud post-acquisition de Linode. Plus largement, l’accord signale que certains grands clients diversifient leurs partenaires cloud au-delà des hyperscalers traditionnels, ce qui pourrait redessiner à la marge le paysage concurrentiel du cloud.
- Alliance de Salesforce et Google Cloud autour de l’IA – Salesforce et Google Cloud ont renforcé leur partenariat dans un accord évalué à 2,5 milliards $ sur sept ans, centré sur les agents conversationnels dopés à l’IA (Salesforce, Google Cloud Ink Big Deal Around AI). Ce rapprochement offre à Salesforce une alternative à AWS pour héberger ses charges de travail d’IA, tandis que Google Cloud accueillera davantage de traitements IA, renforçant son statut de n°3 du cloud public tout en se positionnant en leader dans la course à l’IA. Concrètement, les clients de Salesforce pourront concevoir des “agents” intelligents (Agentforce) s’appuyant sur le modèle Gemini de Google, et déployer des instances Salesforce sur l’infrastructure Google Cloud. Cet accord reflète deux tendances fortes : la priorité donnée à l’IA dans les offres cloud, et la stratégie multi-cloud des grands éditeurs SaaS. En diversifiant ses partenaires (après AWS, maintenant Google), Salesforce assure la meilleure infrastructure pour ses features IA et évite une dépendance unique. Pour Google, c’est une victoire qui lui apporte des workloads additionnels et renforce la crédibilité de sa plateforme AI. Les utilisateurs, eux, y gagnent potentiellement en performance AI et en flexibilité d’hébergement.
Cybersécurité
- Coup de filet contre des groupes de ransomware – Une opération internationale de police a visé les groupes de ransomware Phobos et 8Base, responsables de nombreuses attaques en 2024. L’opération, coordonnée par Europol avec 14 pays, a abouti à l’arrestation de quatre individus de nationalité russe et au démantèlement de 27 serveurs utilisés par ces hackers (Cybersecurity Snapshot: February 21, 2025 | Tenable®). Parmi les personnes arrêtées, deux faisaient partie d’un groupe affilié utilisant le ransomware Phobos et auraient extorqué plus de 16 millions $ à plus de 1 000 victimes. Ce succès des forces de l’ordre porte un coup aux cybercriminels et démontre l’efficacité d’une coopération transfrontalière contre la ransomware. Même s’il ne s’agit que de certains opérateurs, la perturbation de leur infrastructure (serveurs saisis) et ces arrestations pourraient ralentir temporairement les campagnes malveillantes de Phobos et 8Base. Pour les entreprises, c’est un signal encourageant, bien que la menace ransomware dans son ensemble reste élevée avec d’autres groupes toujours actifs.
- Faille critique dans un outil de sécurité de MITRE – Un chercheur a révélé une vulnérabilité critique (CVSS 10.0) d’exécution de code à distance dans Caldera, la plateforme open source d’entraînement à la cybersécurité de MITRE. Ce bug (CVE-2025-27364) affecte toutes les versions de Caldera depuis 2017, sauf les plus récentes corrigées (≥ 5.1.0) (MITRE Caldera security tool gets perfect 10 in insecurity • The Register). L’exploitation, triviale dans la configuration par défaut, permet à un attaquant de prendre le contrôle à distance du serveur Caldera. Les utilisateurs sont appelés à mettre à jour immédiatement. Cette faille illustre le paradoxe que même les outils conçus pour simuler des attaques et former à la défense peuvent constituer une cible s’ils ne sont pas à jour. Un adversaire pourrait compromettre la plateforme d’entraînement et potentiellement rebondir vers d’autres systèmes. L’incident rappelle l’importance d’intégrer les environnements de test et d’apprentissage dans le périmètre de sécurité global, et de patcher sans tarder tous les logiciels utilisés, y compris ceux destinés à la cybersécurité.
- Fuite de données chez Chronopost – Le service de livraison Chronopost (groupe La Poste) a annoncé avoir subi une cyberattaque, avec vol de données personnelles de clients. Environ 210 000 utilisateurs français sont affectés par cette fuite survenue fin janvier, d’après les précisions données à la presse (Cyberattaque de Chronopost : 210 000 clients ont été piratés). Les données compromises incluent des informations comme les noms, emails, adresses et numéros de téléphone, ouvrant la voie à des risques d’usurpation d’identité et à une recrudescence probable des arnaques au colis (phishing se faisant passer pour Chronopost). L’entreprise indique qu’il ne s’agit pas d’un ransomware et que l’intrusion a été contenue en 24h. Cet incident montre que les entreprises de logistique, qui gèrent des volumes massifs de données clients, deviennent aussi des cibles pour les cybercriminels. Les conséquences pour les clients – spam, tentatives de fraude – nécessitent une vigilance accrue. Pour Chronopost, la priorité est de renforcer la sécurité de ses systèmes et de regagner la confiance, tandis que le régulateur (CNIL) pourrait enquêter sur la protection des données en place et la notification de la violation.
Télécommunications
- Restructuration de la dette de SFR (Altice) – En grande difficulté financière, l’opérateur SFR (groupe Altice) a trouvé un accord avec ses créanciers pour réduire sa dette. En échange d’un allègement d’environ 8,6 milliards € de dette, les prêteurs obtiendront 45 % du capital d’Altice France (Patrick Drahi signe un accord de paix avec les créanciers de SFR). Patrick Drahi, fondateur d’Altice, conservera ainsi 55 % des parts de SFR, préservant son contrôle, alors que l’opération réduit significativement le fardeau d’une dette qui atteignait près de 24 Mds€. Cette manœuvre financière exceptionnelle donne de l’oxygène à SFR, qui va pouvoir poursuivre ses investissements dans les réseaux (fibre optique, 5G) sans la même pression à court terme. Toutefois, céder presque la moitié du capital à des fonds (principalement américains) pourrait à terme influencer la gouvernance ou les orientations stratégiques. Pour le secteur télécom français, cela souligne la fragilité financière d’acteurs endettés suite aux guerres de prix des dernières années, et pose la question d’éventuels autres consolidations ou partenariats pour soulager la dette.
- Connexion 5G via satellites en orbite basse – Une première mondiale a été réalisée dans la convergence satellite-télécom : Eutelsat (opérateur satellite), en partenariat avec Airbus et le fabricant de puces MediaTek, a réussi un test de réseau 5G non terrestre (NTN) utilisant sa constellation de satellites OneWeb. Durant ce pilote, un terminal 5G standard s’est connecté au cœur de réseau 5G via le lien satellite, et des données ont transité de bout en bout (Eutelsat, partners claim satellite 5G… – Mobile World Live). Eutelsat indique que cette démonstration pave la voie à un standard 5G NTN unifiant les infrastructures satellitaires et terrestres. À terme, la compatibilité entre 5G spatiale et terrestre offrirait une connectivité ubiquitaire à grande échelle, bénéfique pour les utilisateurs mobiles dans les zones blanches, l’IoT et même l’industrie automobile. Analyse : L’intégration du satellite dans l’écosystème 5G est une tendance de fond pour couvrir les zones isolées ou assurer la résilience des réseaux. Ce test concluant montre que la technologie est pratiquement prête – reste à définir les standards et modèles économiques. On peut imaginer de nouveaux services hybrides (forfaits combinant réseau mobile et satellite) et une collaboration plus étroite entre opérateurs télécoms et opérateurs spatiaux. Cette innovation pourrait notamment servir lors de catastrophes naturelles en rétablissant rapidement des communications d’urgence via satellite.
Centres de données
- Nouveaux processeurs Intel pour serveurs – Intel a dévoilé sa nouvelle gamme Xeon 6 (architecture Granite Rapids) pour les centres de données et réseaux, destinée à couvrir le « plus large éventail de workloads de l’industrie » (Intel launches Xeon 6 processors to support “broadest set” of data center and network workloads – DCD). Le fleuron de cette 6ᵉ génération, les Xeon 6700/6500 P-core, peut embarquer jusqu’à 86 cœurs haute performance et offre en moyenne un gain de 1,4× sur les performances par rapport aux Xeon de précédente génération sur divers workloads d’entreprise. Intel revendique aussi une avance en efficacité énergétique et en IA : face aux processeurs AMD Epyc 5ᵉ gén., ses Xeon 6 délivreraient jusqu’à 1,5× plus de performance en inférence IA tout en utilisant un tiers de cœurs en moins. Parallèlement, Intel a lancé de nouveaux contrôleurs réseau Ethernet E830/E610 pour accompagner ces CPU. En enrichissant son offre de processeurs dédiés à la fois aux charges traditionnelles et aux applications IA/vRAN (une version SoC Xeon 6 “Network & Edge” est optimisée pour les réseaux 5G), Intel cherche à conforter sa place sur le marché des data centers face à une concurrence féroce d’AMD et des puces spécialisées. Ces puces plus denses en cœurs et en fonctionnalités (accélération IA, support mémoire DDR5/CXL, etc.) permettent de traiter plus de calculs par serveur, ce qui répond à l’explosion des besoins en IA et en cloud tout en limitant la consommation par tâche. Pour les clients des centres de données, cela peut se traduire par moins de serveurs à déployer pour une même puissance et une baisse des coûts d’exploitation (énergie, espace) à long terme.
- Refroidissement par immersion de nouvelle génération – La société néerlandaise Asperitas a lancé une nouvelle solution de refroidissement liquide immersif pour centres de données, la série DFCX, annoncée le 24 février (Asperitas Unveils New Data Center […] | Feb 2025). Il s’agit de modules d’immersion à convection forcée directe, compacts et intelligents, conçus pour améliorer la fiabilité et l’efficacité énergétique des infrastructures IT. La solution est modulable et capable de refroidir des équipements à très haute densité de calcul, ce qui la rend adaptée aussi bien à des environnements d’edge computing qu’à des data centers hyperscale. Elle supporte une intégration transparente avec les principaux constructeurs de serveurs, couvrant les usages intensifs en puissance (IA, analytics, HPC) qui génèrent beaucoup de chaleur. Ce lancement s’inscrit dans la tendance à la recherche de solutions de refroidissement innovantes face à l’élévation continue de la densité énergétique dans les data centers. Le refroidissement par immersion liquide, déjà adopté par certaines entreprises, permet de réduire drastiquement la consommation des systèmes de climatisation et d’augmenter la capacité de calcul par mètre carré. Avec des produits industrialisés comme ceux d’Asperitas, cette technologie gagne en maturité. On peut s’attendre à ce que davantage de data centers adoptent l’immersion pour concilier performance (notamment pour les serveurs d’IA très gourmands en watts) et efficacité énergétique, contribuant ainsi aux objectifs de durabilité du secteur.
Innovations et tendances technologiques
- FinOps pour maîtriser les coûts IT et IA – La discipline du FinOps (pratiques d’optimisation des coûts du cloud) s’impose de plus en plus dans les entreprises pour faire face à l’explosion des dépenses en SaaS et en IA. D’après le rapport 2025 du FinOps Foundation, près de 63 % des équipes FinOps gèrent désormais les coûts de l’IA (cloud et on-premise), alors qu’elles n’étaient que 31 % un an plus tôt (Enterprises lean on FinOps to rein in SaaS, AI overspend | CIO Dive). De plus, deux tiers des 800 entreprises interrogées comptent étendre le FinOps à la maîtrise des dépenses de logiciels en mode SaaS et des licences logicielles traditionnelles sur l’année à venir. L’essor des services cloud et des solutions d’IA génère des coûts parfois imprévus (factures d’utilisation d’API d’IA, déploiement massif de GPU en cloud…). Les DSI réagissent en instaurant des contrôles FinOps pour suivre et optimiser ces dépenses, ce qui passe par exemple par l’ajustement des ressources allouées, la mise en concurrence des fournisseurs, ou l’optimisation du code pour réduire la consommation. Le fait que l’IA soit désormais intégrée au périmètre FinOps avec des métriques dédiées (GPU-hours, tokens, etc.) montre que ces technologies deviennent courantes en production. À terme, une bonne pratique FinOps permettra aux entreprises de bénéficier de l’innovation (IA, cloud) tout en gardant leurs budgets sous contrôle, améliorant ainsi la durabilité financière de leurs investissements IT.
- Des modèles d’IA sur mesure pour les télécoms – GSMA, l’association mondiale des opérateurs, a dévoilé une initiative open source visant à améliorer les modèles de langage IA (LLM) pour les applications télécoms (GSMA debuts telco AI LLM benchmarks – Mobile World Live). Baptisée Open-Telco LLM Benchmarks, cette communauté ouverte va définir des jeux de benchmarks et d’ensembles de données pour évaluer les IA sur des cas concrets de télécommunications : diagnostic réseau, conformité réglementaire, compréhension des standards 3GPP, etc.. Les premiers tests soulignent le besoin de tels modèles spécialisés – par exemple, GPT-4 obtient moins de 75 % de bonnes réponses sur des questions de connaissances métier télécom, et s’effondre sous 40 % de réussite sur des questions pointues relatives aux standards mobiles. Le projet, soutenu par des opérateurs (Deutsche Telekom, SK Telecom, etc.), des acteurs technologiques (Hugging Face, Linux Foundation) et des universitaires, invite à contribuer des cas d’usage et des modèles pour enrichir ces benchmarks. Avec la complexité croissante des réseaux et l’essor de la 5G/6G, les opérateurs voient un intérêt majeur à utiliser l’IA (chatbots techniques, automatisation du support, optimisation réseau autonome). Cependant, les modèles génériques actuels ne sont pas assez fiables sur le jargon et les spécificités télécom. En développant des référentiels d’évaluation et en fédérant l’industrie autour de données communes, la GSMA jette les bases de modèles IA entraînés spécifiquement pour les télécoms. À moyen terme, cela pourrait donner naissance à des IA mieux entraînées pour aider les ingénieurs réseau ou les équipes opérationnelles, tout en respectant les contraintes du secteur (sécurité, conformité). C’est aussi un exemple de coopération inter-entreprises pour orienter les progrès de l’IA de manière éthique et efficace.
Sources
(Cloud spending projected to grow 19% this year on back of strong 2024 | ITPro) – ITPro – “Cloud spending projected to grow 19%…”, 21 fév. 2025.
(Akamai wins $100m multi-year cloud contract with one of « world’s largest technology companies » – DCD) – DataCenterDynamics – “Akamai wins $100m multi-year cloud contract…”, 25 fév. 2025.
(Salesforce, Google Cloud Ink Big Deal Around AI) (Salesforce, Google Cloud Ink Big Deal Around AI) – Channel Futures/Bloomberg – “Salesforce and Google Cloud Ink Big Deal Around AI Agents”, 25 fév. 2025.
(Cybersecurity Snapshot: February 21, 2025 | Tenable®) – Tenable Blog – “Int’l operation disrupts Phobos and 8Base ransomware ops”, 21 fév. 2025.
(MITRE Caldera security tool gets perfect 10 in insecurity • The Register) – The Register – “MITRE Caldera security suite scores perfect 10 for insecurity”, 25 fév. 2025.
(Cyberattaque de Chronopost : 210 000 clients ont été piratés) – 01net – “Cyberattaque de Chronopost : 210 000 clients ont été piratés”, 13 fév. 2025.
(Patrick Drahi signe un accord de paix avec les créanciers de SFR) – Le Monde – “Patrick Drahi signe un accord de paix avec les créanciers de SFR”, 25 fév. 2025.
(Eutelsat, partners claim satellite 5G… – Mobile World Live) – Mobile World Live – “Eutelsat, partners claim satellite 5G first”, 24 fév. 2025.
(Intel launches Xeon 6 processors to support “broadest set” of data center and network workloads – DCD) – DataCenterDynamics – “Intel launches Xeon 6 processors…”, 24 fév. 2025.
(Asperitas Unveils New Data Center […] | Feb 2025) – HostingJournalist – “Asperitas Unveils New Data Center Immersion Cooling Solutions”, 24 fév. 2025.
(Enterprises lean on FinOps to rein in SaaS, AI overspend | CIO Dive) – CIO Dive – “Enterprises lean on FinOps to rein in SaaS, AI overspend”, 24 fév. 2025.
(GSMA debuts telco AI LLM benchmarks – Mobile World Live) – Mobile World Live – “GSMA debuts telco AI LLM benchmarks”, 25 fév. 2025.