La première édition du hackathon GenAI for Public Good, organisée les 5 et 6 février 2025 à Paris, a rassemblé une centaine de participants internationaux. Venus de France, d’Allemagne, du Canada et du Royaume-Uni, ces experts se sont réunis pour développer des solutions innovantes exploitant l’intelligence artificielle (IA) générative au service du bien commun (GenAI for Public Good — ALLiaNCE). Cet événement s’inscrit dans la volonté de construire des communs numériques internationaux en IA pour l’action publique, en créant des outils répondant à des besoins concrets identifiés dans les services publics (GenAI for Public Good — ALLiaNCE). Comment ce hackathon s’est-il inscrit dans le cadre institutionnel français, et quelles dynamiques d’innovation collaborative a-t-il mis en avant ? Tour d’horizon de ses objectifs, de quelques prototypes marquants et de l’impact potentiel de ces innovations sur les services publics et la transformation numérique de l’État.
Objectifs du hackathon et cadre institutionnel
Le hackathon GenAI for Public Good a été initié par la Direction Interministérielle du Numérique (DINUM) – l’entité chargée de la transformation numérique de l’État – via son incubateur d’IA ALLiaNCE. Inséré dans le cadre du Sommet pour l’action sur l’IA impulsé par l’Élysée (tenu à Paris les 10 et 11 février 2025) et labellisé parmi les défis « AI Convergence » du plan France 2030, il bénéficie d’un important soutien institutionnel (GenAI for Public Good — ALLiaNCE). Cette compétition inédite vise explicitement à mettre en œuvre des solutions d’IA générative souveraines pour répondre à des défis critiques d’intérêt général (IA : un hackathon pour répondre aux défis critiques d’intérêt public | Alliancy). Elle s’aligne sur la stratégie numérique publique de l’État français, qui cherche à rendre l’administration plus simple, plus efficace et plus souveraine grâce au numérique (« GenAI Hackathon for Public Good » : un hackathon pour développer les (…) – Petites Affiches des Alpes Maritimes). Dans cette optique, la DINUM entend développer les usages de l’IA dans le secteur public afin de relever trois défis majeurs : la simplification des démarches, le gain d’efficacité des services, et le renforcement de la souveraineté technologique.
Les objectifs du hackathon reflètent ces priorités. Il s’agit d’abord de développer de nouveaux “communs numériques” pour les services publics : des solutions open source, mutualisables et réplicables, qui pourront être partagées entre administrations et à l’international (GenAI for Public Good — ALLiaNCE). Ensuite, l’initiative promeut la souveraineté numérique en encourageant des outils éthiques indépendants des technologies propriétaires dominantes (GenAI for Public Good — ALLiaNCE). Enfin, le hackathon vise à réunir des expertises diversifiées en rassemblant chercheurs, développeurs, agents publics et membres de la société civile pour co-innover sur des défis communs (GenAI for Public Good — ALLiaNCE). Concrètement, l’événement a été structuré autour de deux grands axes thématiques stimulants : d’une part « High-Value Algorithms », focalisé sur des avancées algorithmiques fondamentales (par exemple la traduction automatique, la synthèse vocale ou l’analyse géospatiale), et d’autre part « High-Impact Use Cases with APIs », dédié à des cas d’usage concrets exploitant l’IA via des API pour offrir de nouveaux services aux citoyens ou améliorer significativement ceux qui existent (Retour sur le hackathon GenAI for Public Good | numerique.gouv.fr). Cette double approche permettait de couvrir tant les briques technologiques de base que leurs applications pratiques, en phase avec les objectifs de simplification, d’efficacité et d’inclusion dans les services publics.
Une dynamique d’innovation collaborative soutenue par l’État
Un aspect marquant de GenAI for Public Good est la dynamique collaborative encouragée tout au long des deux jours. Les organisateurs publics ont mis l’accent sur la coopération ouverte plutôt que sur la compétition acharnée. Ainsi, les ~100 participants ont été répartis en équipes mixtes de 4 à 6 personnes, mêlant des talents du secteur public et du privé, et représentant divers pays et disciplines (IA : un hackathon pour répondre aux défis critiques d’intérêt public | Alliancy). Cette diversité a favorisé un riche échange de connaissances et de perspectives. Comme l’a souligné l’un des participants, l’intérêt du hackathon ne résidait pas seulement dans les solutions techniques créées, mais aussi dans « l’opportunité de travailler avec des équipes internationales, d’échanger des perspectives sur l’IA et d’apprendre [des] différentes approches » adoptées par chacun (Retour sur le hackathon GenAI for Public Good | numerique.gouv.fr). L’atmosphère se voulait résolument bienveillante et stimulante, chaque équipe contribuant au bien commun plutôt qu’à un gain individuel.
Pour catalyser cette innovation collective, les pouvoirs publics ont fourni des ressources techniques de pointe habituellement hors de portée d’un simple hackathon. Les participants ont ainsi pu s’appuyer sur l’API Albert, un modèle linguistique souverain mis à disposition par l’État, tournant sur des GPUs haute performance (Nvidia H100) pour des tâches intensives de génération de texte, de transcription audio ou de recherche sémantique (IA : un hackathon pour répondre aux défis critiques d’intérêt public | Alliancy). Ils ont également bénéficié des infrastructures de calcul du CNRS, de l’environnement collaboratif Onyxia Datalab, ainsi que du cloud statistique de l’INSEE (SSP Cloud), conçus pour traiter de grands volumes de données (IA : un hackathon pour répondre aux défis critiques d’intérêt public | Alliancy). En parallèle, des coachs techniques issus de la DINUM, de l’INSEE et de la startup d’État beta.gouv.fr ont accompagné les équipes pour surmonter obstacles techniques et affiner les solutions (Retour sur le hackathon GenAI for Public Good | numerique.gouv.fr). Ce soutien logistique et humain a démultiplié la capacité d’innovation des participants en un temps record. Il illustre la volonté de l’État de créer un écosystème propice à l’innovation ouverte, où administrations, chercheurs et développeurs peuvent co-créer des outils d’IA d’intérêt général. Au final, cette approche collaborative et internationale jette les bases d’une communauté de pratique autour des communs numériques, au-delà même des frontières nationales.
Des prototypes open source pour les services publics
Parmi les 18 projets présentés en fin de hackathon, plusieurs prototypes open source se sont distingués par leur potentiel pour améliorer des services publics concrets, dans des domaines variés tels que la justice, la santé, l’éducation ou l’administration. En voici un aperçu :
- Justice et accès au droit : le projet De Facto propose un assistant juridique intelligent capable de passer au crible des dossiers pénaux volumineux et d’en résumer l’essentiel. Cet outil, exploité via une interface de type chatbot, peut extraire en quelques instants les informations clés (textes numérisés, manuscrits ou images) d’un dossier de cent pages, ce qui permettrait de réduire de moitié le temps d’analyse pour les procureurs (Summit for action on AI: bcom and Orange, winners of the GenAIforPublicGood hackathon | b-com). Un tel gain d’efficacité contribuerait à accélérer les procédures judiciaires. Toujours dans le domaine juridique, le prototype SONIC (Smart Open Navigable Intelligent Consultant) vise à faciliter la compréhension et l’application du futur règlement européen sur l’IA. En rendant accessible ce texte complexe aux entreprises, aux chercheurs et aux décideurs, SONIC aiderait ces acteurs à se conformer aux nouvelles exigences réglementaires plus aisément (Retour sur le hackathon GenAI for Public Good | numerique.gouv.fr). Ces deux innovations illustrent comment l’IA peut renforcer l’accès au droit et l’efficacité de la justice.
- Santé et médico-social : parmi les projets en lice figurait Starclay, un assistant conçu pour optimiser la prescription médicale. Ce système embarque une technologie de transcription automatique des conversations entre médecins et patients, afin de capter avec précision les informations liées aux médicaments (nom, dosage, posologie) (Retour sur le hackathon GenAI for Public Good | numerique.gouv.fr). L’objectif est double : alléger la charge administrative pesant sur les médecins et pharmaciens en générant des comptes-rendus de consultation plus fiables, et améliorer la communication avec le patient (meilleure compréhension des traitements). À terme, un tel outil pourrait sécuriser la délivrance des médicaments et réduire les erreurs, tout en faisant gagner du temps aux praticiens comme aux usagers du système de santé.
- Éducation et orientation : le prototype ZenIA s’attaque au défi de l’orientation scolaire et professionnelle des jeunes. Constatant qu’environ 25 % des étudiants se réorientent en cours de parcours (signe d’une orientation initiale inadéquate), ZenIA propose une plateforme d’IA conversationnelle permettant à chaque élève de décrire son profil, ses centres d’intérêt et ses compétences (Retour sur le hackathon GenAI for Public Good | numerique.gouv.fr). L’IA analyse ces données à la lumière d’une vaste base de connaissances sur les formations et métiers, et suggère des parcours personnalisés en phase avec le profil de l’utilisateur. Une telle solution, si elle est aboutie, pourrait aider les conseillers d’orientation et les familles à mieux guider les élèves, réduisant ainsi l’échec en première année d’université et améliorant l’équité d’accès à une orientation éclairée pour tous les élèves, y compris ceux disposant de moins de ressources d’accompagnement.
- Services administratifs et inclusion numérique : plusieurs équipes ont ciblé la simplification des démarches administratives. Par exemple, le projet L’IANE (Lauréat du prix spécial du jury) a développé un agent conversationnel innovant pour assister les agents publics dans la simplification des formulaires administratifs (Retour sur le hackathon GenAI for Public Good | numerique.gouv.fr). En évaluant automatiquement la clarté des formulaires de demande et en suggérant des améliorations (phrases plus simples, termes plus compréhensibles), cet assistant d’IA aiderait l’administration à concevoir des documents plus accessibles aux usagers. Dans la même veine, le prototype Simplifier.info ambitionne de traduire le jargon administratif en langage clair : il appliquerait des techniques de simplification automatique de texte pour produire des versions plus compréhensibles des courriers ou notices officielles, afin que chaque citoyen – y compris non-francophone ou peu familier des termes administratifs – puisse comprendre ses droits et démarches (Retour sur le hackathon GenAI for Public Good | numerique.gouv.fr). Enfin, l’inclusion numérique des publics moins à l’aise avec les outils informatiques est abordée avec Albertine : cette extension de navigateur intègre une IA de type ChatGPT directement sur les sites web pour guider les utilisateurs pas à pas et surligner les informations pertinentes à l’écran (Retour sur le hackathon GenAI for Public Good | numerique.gouv.fr). De tels outils, centrés sur l’expérience usager, promettent de rendre l’administration en ligne plus accessible et plus conviviale, en particulier pour les personnes éloignées du numérique.
Impacts à court terme et perspectives à long terme
Au-delà de la simple démonstration, GenAI for Public Good est appelé à produire des effets concrets sur les services publics. À court terme, les prototypes les plus prometteurs ne resteront pas à l’état d’ébauches : les projets lauréats vont bénéficier d’un accompagnement immédiat de la DINUM pour passer du stade de proof of concept à une solution opérationnelle (Retour sur le hackathon GenAI for Public Good | numerique.gouv.fr). Concrètement, l’incubateur ALLiaNCE continuera de suivre ces équipes, leur offrant un accès prolongé à l’API Albert et à d’autres ressources techniques de l’État, ainsi qu’un appui en gestion de projet. Par exemple, l’équipe ayant développé De Facto a déjà pu présenter son assistant juridique lors du Sommet pour l’action sur l’IA devant un parterre de décideurs et d’experts internationaux (Summit for action on AI: bcom and Orange, winners of the GenAIforPublicGood hackathon | b-com) – une visibilité précieuse qui pourrait accélérer son déploiement au sein du ministère de la Justice. De même, les solutions primées comme SONIC ou L’IANE pourraient rapidement faire l’objet d’expérimentations dans les administrations partenaires (entreprises, services ministériels, collectivités), afin d’en évaluer l’efficacité sur le terrain et d’itérer sur leur développement. Cette réactivité, rendue possible par le portage institutionnel de la DINUM, augure d’une concrétisation rapide des bénéfices pour les usagers : agents publics disposant de nouveaux outils d’aide à la décision, citoyens accédant plus aisément à l’information, justiciables voyant leurs démarches accélérées, etc.
À plus long terme, l’impact de ce hackathon s’inscrit dans la transformation numérique continue de l’État. D’abord, en cultivant une culture de l’innovation ouverte, l’initiative contribue à changer les modes de conception des services publics : elle démontre la viabilité de méthodes agiles, collaboratives et itératives, à l’image de ce qui se pratique dans les start-up, appliquées à l’intérêt général. Les communautés formées durant l’événement (développeurs, data scientists, experts métier, etc.) pourront perdurer et s’élargir, donnant naissance à un réseau international de praticiens des communs numériques. Le caractère open source des solutions facilite en effet leur diffusion et leur appropriation par d’autres administrations, en France ou ailleurs, via un partage des codes et des bonnes pratiques. Ainsi, un outil comme Simplifier.info pourrait être réutilisé par plusieurs organismes publics pour améliorer leurs documents, et un assistant comme ZenIA adapté à d’autres systèmes éducatifs, sans repartir de zéro. Cela induit des économies d’échelle et une montée en compétence collective sur l’IA publique.
Ensuite, en privilégiant des technologies souveraines et éthiques, l’État français assoit progressivement son autonomie vis-à-vis des grandes plateformes privées dans le domaine stratégique de l’IA. Les briques développées lors du hackathon, hébergées sur des infrastructures nationales (Insee, CNRS…) et respectueuses des données publiques, posent les jalons d’une IA de confiance inscrite dans notre écosystème. Ce sont les fondations d’une IA responsable et au service du bien commun qui sont ainsi posées, tout en préparant le terrain pour les défis de demain (Retour sur le hackathon GenAI for Public Good | numerique.gouv.fr). Enfin, l’impact sociétal se mesurera sur la qualité même des services publics rendus aux usagers : à terme, on peut anticiper des démarches administratives simplifiées, une justice plus rapide et accessible, une orientation scolaire mieux personnalisée, ou encore un système de santé appuyé par des assistants intelligents. Autant d’innovations publiques qui rapprochent l’administration de ses citoyens. GenAI for Public Good, en catalysant ces projets, s’affirme donc comme un levier stratégique de la transformation numérique de l’État, mariant le meilleur de l’IA et des communs pour servir l’intérêt général.
Hackathon GenAI for Public Good : l’IA au service des communs et de l’action publique
La première édition du hackathon GenAI for Public Good, organisée les 5 et 6 février 2025 à Paris, a rassemblé une centaine de participants internationaux. Venus de France, d’Allemagne, du Canada et du Royaume-Uni, ces experts se sont réunis pour développer des solutions innovantes exploitant l’intelligence artificielle (IA) générative au service du bien commun (GenAI for Public Good — ALLiaNCE). Cet événement s’inscrit dans la volonté de construire des communs numériques internationaux en IA pour l’action publique, en créant des outils répondant à des besoins concrets identifiés dans les services publics. Comment ce hackathon s’est-il inscrit dans le cadre institutionnel français, et quelles dynamiques d’innovation collaborative a-t-il mis en avant ? Tour d’horizon de ses objectifs, de quelques prototypes marquants et de l’impact potentiel de ces innovations sur les services publics et la transformation numérique de l’État.
Objectifs du hackathon et cadre institutionnel
Le hackathon GenAI for Public Good a été initié par la Direction Interministérielle du Numérique (DINUM) – l’entité chargée de la transformation numérique de l’État – via son incubateur d’IA ALLiaNCE. Inséré dans le cadre du Sommet pour l’action sur l’IA impulsé par l’Élysée (tenu à Paris les 10 et 11 février 2025) et labellisé parmi les défis « AI Convergence » du plan France 2030, il bénéficie d’un important soutien institutionnel (GenAI for Public Good — ALLiaNCE). Cette compétition inédite vise explicitement à mettre en œuvre des solutions d’IA générative souveraines pour répondre à des défis critiques d’intérêt général (IA : un hackathon pour répondre aux défis critiques d’intérêt public | Alliancy). Elle s’aligne sur la stratégie numérique publique de l’État français, qui cherche à rendre l’administration plus simple, plus efficace et plus souveraine grâce au numérique (« GenAI Hackathon for Public Good » : un hackathon pour développer les (…) – Petites Affiches des Alpes Maritimes). Dans cette optique, la DINUM entend développer les usages de l’IA dans le secteur public afin de relever trois défis majeurs : la simplification des démarches, le gain d’efficacité des services, et le renforcement de la souveraineté technologique.
Les objectifs du hackathon reflètent ces priorités. Il s’agit d’abord de développer de nouveaux “communs numériques” pour les services publics : des solutions open source, mutualisables et réplicables, qui pourront être partagées entre administrations et à l’international (GenAI for Public Good — ALLiaNCE). Ensuite, l’initiative promeut la souveraineté numérique en encourageant des outils éthiques indépendants des technologies propriétaires dominantes. Enfin, le hackathon vise à réunir des expertises diversifiées en rassemblant chercheurs, développeurs, agents publics et membres de la société civile pour co-innover sur des défis communs . Concrètement, l’événement a été structuré autour de deux grands axes thématiques stimulants : d’une part « High-Value Algorithms », focalisé sur des avancées algorithmiques fondamentales (par exemple la traduction automatique, la synthèse vocale ou l’analyse géospatiale), et d’autre part « High-Impact Use Cases with APIs », dédié à des cas d’usage concrets exploitant l’IA via des API pour offrir de nouveaux services aux citoyens ou améliorer significativement ceux qui existent (Retour sur le hackathon GenAI for Public Good | numerique.gouv.fr). Cette double approche permettait de couvrir tant les briques technologiques de base que leurs applications pratiques, en phase avec les objectifs de simplification, d’efficacité et d’inclusion dans les services publics.
Une dynamique d’innovation collaborative soutenue par l’État
Un aspect marquant de GenAI for Public Good est la dynamique collaborative encouragée tout au long des deux jours. Les organisateurs publics ont mis l’accent sur la coopération ouverte plutôt que sur la compétition acharnée. Ainsi, les ~100 participants ont été répartis en équipes mixtes de 4 à 6 personnes, mêlant des talents du secteur public et du privé, et représentant divers pays et disciplines (IA : un hackathon pour répondre aux défis critiques d’intérêt public | Alliancy). Cette diversité a favorisé un riche échange de connaissances et de perspectives. Comme l’a souligné l’un des participants, l’intérêt du hackathon ne résidait pas seulement dans les solutions techniques créées, mais aussi dans « l’opportunité de travailler avec des équipes internationales, d’échanger des perspectives sur l’IA et d’apprendre [des] différentes approches » adoptées par chacun (Retour sur le hackathon GenAI for Public Good | numerique.gouv.fr). L’atmosphère se voulait résolument bienveillante et stimulante, chaque équipe contribuant au bien commun plutôt qu’à un gain individuel.
Pour catalyser cette innovation collective, les pouvoirs publics ont fourni des ressources techniques de pointe habituellement hors de portée d’un simple hackathon. Les participants ont ainsi pu s’appuyer sur l’API Albert, un modèle linguistique souverain mis à disposition par l’État, tournant sur des GPUs haute performance (Nvidia H100) pour des tâches intensives de génération de texte, de transcription audio ou de recherche sémantique (IA : un hackathon pour répondre aux défis critiques d’intérêt public | Alliancy). Ils ont également bénéficié des infrastructures de calcul du CNRS, de l’environnement collaboratif Onyxia Datalab, ainsi que du cloud statistique de l’INSEE (SSP Cloud), conçus pour traiter de grands volumes de données. En parallèle, des coachs techniques issus de la DINUM, de l’INSEE et de la startup d’État beta.gouv.fr ont accompagné les équipes pour surmonter obstacles techniques et affiner les solutions (Retour sur le hackathon GenAI for Public Good | numerique.gouv.fr). Ce soutien logistique et humain a démultiplié la capacité d’innovation des participants en un temps record. Il illustre la volonté de l’État de créer un écosystème propice à l’innovation ouverte, où administrations, chercheurs et développeurs peuvent co-créer des outils d’IA d’intérêt général. Au final, cette approche collaborative et internationale jette les bases d’une communauté de pratique autour des communs numériques, au-delà même des frontières nationales.
Des prototypes open source pour les services publics
Parmi les 18 projets présentés en fin de hackathon, plusieurs prototypes open source se sont distingués par leur potentiel pour améliorer des services publics concrets, dans des domaines variés tels que la justice, la santé, l’éducation ou l’administration. En voici un aperçu :
- Justice et accès au droit : le projet De Facto propose un assistant juridique intelligent capable de passer au crible des dossiers pénaux volumineux et d’en résumer l’essentiel. Cet outil, exploité via une interface de type chatbot, peut extraire en quelques instants les informations clés (textes numérisés, manuscrits ou images) d’un dossier de cent pages, ce qui permettrait de réduire de moitié le temps d’analyse pour les procureurs (Summit for action on AI: bcom and Orange, winners of the GenAIforPublicGood hackathon | b-com). Un tel gain d’efficacité contribuerait à accélérer les procédures judiciaires. Toujours dans le domaine juridique, le prototype SONIC (Smart Open Navigable Intelligent Consultant) vise à faciliter la compréhension et l’application du futur règlement européen sur l’IA. En rendant accessible ce texte complexe aux entreprises, aux chercheurs et aux décideurs, SONIC aiderait ces acteurs à se conformer aux nouvelles exigences réglementaires plus aisément (Retour sur le hackathon GenAI for Public Good | numerique.gouv.fr). Ces deux innovations illustrent comment l’IA peut renforcer l’accès au droit et l’efficacité de la justice.
- Santé et médico-social : parmi les projets en lice figurait Starclay, un assistant conçu pour optimiser la prescription médicale. Ce système embarque une technologie de transcription automatique des conversations entre médecins et patients, afin de capter avec précision les informations liées aux médicaments (nom, dosage, posologie) (Retour sur le hackathon GenAI for Public Good | numerique.gouv.fr). L’objectif est double : alléger la charge administrative pesant sur les médecins et pharmaciens en générant des comptes-rendus de consultation plus fiables, et améliorer la communication avec le patient (meilleure compréhension des traitements). À terme, un tel outil pourrait sécuriser la délivrance des médicaments et réduire les erreurs, tout en faisant gagner du temps aux praticiens comme aux usagers du système de santé.
- Éducation et orientation : le prototype ZenIA s’attaque au défi de l’orientation scolaire et professionnelle des jeunes. Constatant qu’environ 25 % des étudiants se réorientent en cours de parcours (signe d’une orientation initiale inadéquate), ZenIA propose une plateforme d’IA conversationnelle permettant à chaque élève de décrire son profil, ses centres d’intérêt et ses compétences (Retour sur le hackathon GenAI for Public Good | numerique.gouv.fr). L’IA analyse ces données à la lumière d’une vaste base de connaissances sur les formations et métiers, et suggère des parcours personnalisés en phase avec le profil de l’utilisateur. Une telle solution, si elle est aboutie, pourrait aider les conseillers d’orientation et les familles à mieux guider les élèves, réduisant ainsi l’échec en première année d’université et améliorant l’équité d’accès à une orientation éclairée pour tous les élèves, y compris ceux disposant de moins de ressources d’accompagnement.
- Services administratifs et inclusion numérique : plusieurs équipes ont ciblé la simplification des démarches administratives. Par exemple, le projet L’IANE (Lauréat du prix spécial du jury) a développé un agent conversationnel innovant pour assister les agents publics dans la simplification des formulaires administratifs (Retour sur le hackathon GenAI for Public Good | numerique.gouv.fr). En évaluant automatiquement la clarté des formulaires de demande et en suggérant des améliorations (phrases plus simples, termes plus compréhensibles), cet assistant d’IA aiderait l’administration à concevoir des documents plus accessibles aux usagers. Dans la même veine, le prototype Simplifier.info ambitionne de traduire le jargon administratif en langage clair : il appliquerait des techniques de simplification automatique de texte pour produire des versions plus compréhensibles des courriers ou notices officielles, afin que chaque citoyen – y compris non-francophone ou peu familier des termes administratifs – puisse comprendre ses droits et démarches . Enfin, l’inclusion numérique des publics moins à l’aise avec les outils informatiques est abordée avec Albertine : cette extension de navigateur intègre une IA de type ChatGPT directement sur les sites web pour guider les utilisateurs pas à pas et surligner les informations pertinentes à l’écran . De tels outils, centrés sur l’expérience usager, promettent de rendre l’administration en ligne plus accessible et plus conviviale, en particulier pour les personnes éloignées du numérique.
Impacts à court terme et perspectives à long terme
Au-delà de la simple démonstration, GenAI for Public Good est appelé à produire des effets concrets sur les services publics. À court terme, les prototypes les plus prometteurs ne resteront pas à l’état d’ébauches : les projets lauréats vont bénéficier d’un accompagnement immédiat de la DINUM pour passer du stade de proof of concept à une solution opérationnelle (Retour sur le hackathon GenAI for Public Good | numerique.gouv.fr). Concrètement, l’incubateur ALLiaNCE continuera de suivre ces équipes, leur offrant un accès prolongé à l’API Albert et à d’autres ressources techniques de l’État, ainsi qu’un appui en gestion de projet. Par exemple, l’équipe ayant développé De Facto a déjà pu présenter son assistant juridique lors du Sommet pour l’action sur l’IA devant un parterre de décideurs et d’experts internationaux (Summit for action on AI: bcom and Orange, winners of the GenAIforPublicGood hackathon | b-com) – une visibilité précieuse qui pourrait accélérer son déploiement au sein du ministère de la Justice. De même, les solutions primées comme SONIC ou L’IANE pourraient rapidement faire l’objet d’expérimentations dans les administrations partenaires (entreprises, services ministériels, collectivités), afin d’en évaluer l’efficacité sur le terrain et d’itérer sur leur développement. Cette réactivité, rendue possible par le portage institutionnel de la DINUM, augure d’une concrétisation rapide des bénéfices pour les usagers : agents publics disposant de nouveaux outils d’aide à la décision, citoyens accédant plus aisément à l’information, justiciables voyant leurs démarches accélérées, etc.
À plus long terme, l’impact de ce hackathon s’inscrit dans la transformation numérique continue de l’État. D’abord, en cultivant une culture de l’innovation ouverte, l’initiative contribue à changer les modes de conception des services publics : elle démontre la viabilité de méthodes agiles, collaboratives et itératives, à l’image de ce qui se pratique dans les start-up, appliquées à l’intérêt général. Les communautés formées durant l’événement (développeurs, data scientists, experts métier, etc.) pourront perdurer et s’élargir, donnant naissance à un réseau international de praticiens des communs numériques. Le caractère open source des solutions facilite en effet leur diffusion et leur appropriation par d’autres administrations, en France ou ailleurs, via un partage des codes et des bonnes pratiques. Ainsi, un outil comme Simplifier.info pourrait être réutilisé par plusieurs organismes publics pour améliorer leurs documents, et un assistant comme ZenIA adapté à d’autres systèmes éducatifs, sans repartir de zéro. Cela induit des économies d’échelle et une montée en compétence collective sur l’IA publique.
Ensuite, en privilégiant des technologies souveraines et éthiques, l’État français assoit progressivement son autonomie vis-à-vis des grandes plateformes privées dans le domaine stratégique de l’IA. Les briques développées lors du hackathon, hébergées sur des infrastructures nationales (Insee, CNRS…) et respectueuses des données publiques, posent les jalons d’une IA de confiance inscrite dans notre écosystème. Ce sont les fondations d’une IA responsable et au service du bien commun qui sont ainsi posées, tout en préparant le terrain pour les défis de demain (Retour sur le hackathon GenAI for Public Good | numerique.gouv.fr). Enfin, l’impact sociétal se mesurera sur la qualité même des services publics rendus aux usagers : à terme, on peut anticiper des démarches administratives simplifiées, une justice plus rapide et accessible, une orientation scolaire mieux personnalisée, ou encore un système de santé appuyé par des assistants intelligents. Autant d’innovations publiques qui rapprochent l’administration de ses citoyens. GenAI for Public Good, en catalysant ces projets, s’affirme donc comme un levier stratégique de la transformation numérique de l’État, mariant le meilleur de l’IA et des communs pour servir l’intérêt général.
Sources
- alliance.numerique.gouv.fr/hackathon/ai-action-summit-fr
- www.alliancy.fr/ia-un-hackathon-pour-repondre-aux-defis-critiques-dinteret-public
- www.petitesaffiches.fr/genai-hackathon-for-public-good-un,33046
- www.numerique.gouv.fr/actualites/retour-sur-le-hackathon-genai-for-public-good
- b-com.com/en/news/sommet-pour-lia-bcom-et-orange-laureats-du-hackathon-genaiforpublicgood