Revue de presse IA & DATA (27 février – 5 mars 2025)

OpenAI lance GPT-4.5, une version de recherche plus fiable

OpenAI a annoncé la sortie d’une version préliminaire de GPT-4.5, évolution de son modèle de langage phare, destinée aux chercheurs, développeurs et utilisateurs professionnels (OpenAI annonce la sortie de GPT-4.5 en version préliminaire dédiée à la recherche). Ce modèle met l’accent sur un pré-entraînement non supervisé accru afin d’améliorer la fiabilité des réponses et la compréhension des intentions et émotions des utilisateurs. En pratique, GPT-4.5 identifie des schémas complexes et génère des idées plus créatives tout en réduisant les hallucinations par rapport à GPT-4. Les tests initiaux indiquent des interactions plus naturelles, avec une précision factuelle nettement supérieure (62,5% sur l’indice SimpleQA contre 38,2% pour la version précédente). Disponible dès maintenant pour les abonnés ChatGPT Pro (puis progressivement aux autres utilisateurs payants), GPT-4.5 reste toutefois une préversion expérimentale, visant à évaluer ses capacités avant un déploiement plus large.

Cette annonce montre la volonté d’OpenAI d’améliorer la fiabilité et la compréhension contextuelle de ses modèles. En misant sur une meilleure “intelligence émotionnelle” du modèle et en réduisant les erreurs, OpenAI cible des cas d’usage plus sensibles où la précision est primordiale, quitte à supporter des coûts de calcul bien plus élevés que GPT-4 (le modèle GPT-4.5 est plus onéreux en API). Cette démarche illustre la course à la qualité des réponses dans le domaine des IA génératives, afin de gagner la confiance des utilisateurs professionnels tout en repoussant les limites techniques.

Anthropic introduit Claude 3.7 Sonnet, pionnier du « raisonnement hybride »

Anthropic a dévoilé Claude 3.7 Sonnet, présenté comme son modèle d’IA « le plus intelligent à ce jour » et le premier sur le marché à proposer un raisonnement hybride (Anthropic présente Claude 3.7 Sonnet, le 1er modèle de raisonnement hybride). Ce modèle de nouvelle génération intègre dans un même système deux approches habituellement distinctes : la réponse rapide et la réflexion approfondie. Concrètement, Claude 3.7 Sonnet dispose de deux modes : un mode standard offrant des réponses plus précises et naturelles (amélioration de Claude 3.5), et un mode « réflexion étendue » où l’IA décompose le problème étape par étape avant de répondre. Cette réflexion visible par l’utilisateur, inspirée du chain-of-thought, améliore nettement les performances en mathématiques, en codage et sur les instructions complexes. Innovation clé, les développeurs peuvent définir un budget de réflexion (nombre de tokens alloués) via l’API, pour équilibrer la qualité de la réponse et le coût de calcul. Par ailleurs, Anthropic insiste sur la sécurité de son modèle : des tests poussés et experts externes ont permis de réduire de 45% les refus injustifiés par rapport à la version précédente, tout en filtrant efficacement les demandes malveillantes. En parallèle, Anthropic lance Claude Code, un assistant capable d’automatiser des tâches de développement logiciel (modifier du code, exécuter des tests, pousser du code sur GitHub) afin de faire gagner plusieurs dizaines de minutes aux développeurs sur certaines tâches répétitives.

Avec Claude 3.7 Sonnet, Anthropic mise sur un équilibre inédit entre rapidité et profondeur d’analyse. Ce modèle hybride vise à offrir le meilleur des deux mondes : des réponses immédiates de qualité tout en permettant, quand c’est nécessaire, une réflexion plus longue pour des problèmes complexes. Cette approche pourrait améliorer la fiabilité des réponses sans sacrifier la vitesse, répondant ainsi à une critique fréquente des grands modèles (hallucinations ou erreurs sur des tâches complexes). En outre, le focus sur la sécurité et l’ajout d’un outil comme Claude Code montrent qu’Anthropic cherche à se différencier d’OpenAI en ciblant les professionnels du développement et en instaurant la confiance grâce à des garde-fous robustes. Disponible sur tous les plans (y compris gratuits) et via les grands clouds (Google Vertex AI, Amazon Bedrock), Claude 3.7 Sonnet se positionne ainsi comme un concurrent sérieux sur le marché des IA génératives tout en explorant de nouvelles approches de raisonnement.

Marché des “PC IA” : Apple s’empare de plus de la moitié du secteur naissant

L’essor de l’IA ne se limite pas aux logiciels : il impacte aussi le matériel informatique. Selon les dernières données du cabinet Canalys, les PC équipés de capacités IA (dotés d’une puce dédiée type NPU) représentent une part croissante des ventes. Au 4e trimestre 2024, 15,4 millions de “PC IA” ont été vendus, soit 23% de tous les PC écoulés sur la période. Sur ce segment émergent, Apple écrase la concurrence avec 45% des ventes mondiales sur le trimestre. Sur l’ensemble de l’année 2024, 17% des PC vendus dans le monde disposaient de fonctions d’IA, et Apple en a capté 54% de part de marché, loin devant Lenovo et HP (12% chacun) (Apple abocanhou 54% do mercado de computadores para IA em 2024 – MacMagazine). Cette domination s’explique par la stratégie d’Apple qui intègre depuis plusieurs années des Neural Engines (unités de traitement neuronal) dans tous ses Macs équipés de puces Apple Silicon, rendant ces machines aptes à exécuter localement des tâches d’IA (apprentissage machine, traitement du langage, etc.). En comparaison, les fabricants de PC Windows commencent tout juste à adopter des puces IA dédiées sur certains modèles, d’où un avantage décisif pour Apple sur ce créneau.

Le fait qu’Apple, avec environ 10% de part de marché du PC traditionnel, s’arroge plus de la moitié du marché des PC pour l’IA montre à quel point la marque a pris de l’avance dans l’intégration de l’IA au niveau matériel. Cela reflète une tendance de fond : les utilisateurs et entreprises cherchent des ordinateurs capables de traiter localement des opérations d’IA (reconnaissance vocale, vision par ordinateur, etc.) pour plus de réactivité et de confidentialité. Le succès des Macs M1/M2 (et désormais M3) dotés de NPUs pourrait encourager la concurrence (Dell, HP, Lenovo…) à accélérer l’adoption de puces IA dans leurs gammes. Gartner anticipe d’ailleurs que d’ici 2025, près de 43% des PC expédiés seront des “PC IA” (Les PC IA devraient représenter 43% des expéditions de PC en 2025 selon Gartner – ChannelNews), signe que ce standard matériel est en voie de généralisation. Pour Apple, cette avance technologique se traduit non seulement par une image innovante, mais aussi par un argument de vente supplémentaire à l’heure de convaincre les entreprises et créatifs de rester dans son écosystème.

Apple mise sur l’IA locale dans le nouvel iPad Air M3

Outre les ordinateurs, Apple continue d’infuser de l’IA dans ses autres produits. Mardi, la firme de Cupertino a lancé de nouvelles versions de son iPad Air (tablette milieu de gamme) équipées de la puce M3 et dotées de fonctions d’IA avancées, dans le but d’inciter les utilisateurs à renouveler leurs appareils (Apple lance un nouvel iPad Air doté de fonctions d’intelligence artificielle pour stimuler la demande -Le 04 mars 2025 à 15:06 | Zonebourse). La puce M3, gravée en 3 nm, offre non seulement des gains de performance significatifs par rapport à la génération précédente, mais intègre aussi un moteur neuronal amélioré capable de traiter davantage d’opérations d’IA directement sur l’appareil. Concrètement, ces iPad Air de 6e génération tirent parti de l’IA locale pour des fonctionnalités telles que la reconnaissance d’image plus rapide, la traduction instantanée, la dictée vocale améliorée ou encore des applications de création assistée (montage photo/vidéo automatisé, génération de contenu visuel, etc.). Apple accompagne ce matériel d’un écosystème logiciel optimisé : iPadOS utilise le Neural Engine pour accélérer des tâches de machine learning (par exemple, classer automatiquement des photos par contenu ou isoler un sujet en arrière-plan).

Bien qu’il ne s’agisse pas d’une révolution logicielle, l’intégration de la puce M3 avec ses capacités d’IA accrues illustre la stratégie d’Apple en matière de computing on-device. À l’heure où les questions de confidentialité des données et de dépendance au cloud sont sensibles, Apple mise sur le traitement local des données par l’IA pour se différencier. Les fonctions d’IA avancées de l’iPad Air M3 offrent aux utilisateurs des expériences plus fluides et rapides, sans nécessiter de connexion internet permanente, tout en garantissant une meilleure protection des données personnelles (puisque les calculs restent sur l’appareil). Sur le plan commercial, doter un iPad grand public de capacités autrefois réservées aux modèles Pro peut stimuler les ventes en démocratisant l’accès à des fonctionnalités intelligentes. Cela s’inscrit dans une tendance plus large où l’IA embarquée devient un argument clé sur le marché des smartphones, tablettes et PC, pour des usages allant de la photo computationnelle aux assistants vocaux, en passant par la réalité augmentée.

Deeptech française : 11 start-ups en lice dans une compétition mondiale

La France se distingue également sur la scène deeptech internationale. La 10ème édition du Hello Tomorrow Global Summit (événement phare de la deeptech) se tiendra à Paris les 13 et 14 mars 2025, et pas moins de 11 start-ups françaises figurent parmi les finalistes qui présenteront leurs innovations (Deeptech : 11 start-ups françaises sélectionnées dans le cadre du Hello Tomorrow Global Challenge 2025). Sélectionnées parmi plus de 4 000 candidatures mondiales, ces jeunes pousses opèrent dans des secteurs variés — IA, santé, énergie, industrie, biotechnologie — et reflètent l’excellence française en matière d’innovation technologique. Durant ce sommet soutenu par les pouvoirs publics (sous le patronage d’Emmanuel Macron), nos start-ups pourront attirer l’attention de grands investisseurs internationaux (VC et industriels majeurs comme Airbus, Total, IBM, Siemens…) et nouer des partenariats stratégiques. Les éditions précédentes de ce concours ayant permis aux lauréats de lever des fonds significatifs et de collaborer avec des entreprises du Fortune 500, l’enjeu est de taille pour ces finalistes tricolores.

Cette forte présence française dans une compétition globale souligne le dynamisme de l’écosystème start-up national, notamment dans le domaine de l’IA et de la data. Avec un processus de sélection très exigeant (jury de 110 experts, évaluation multidimensionnelle), le fait que 14% des finalistes soient français démontre la crédibilité des projets hexagonaux à l’international. Cela coïncide avec les efforts récents du gouvernement et d’acteurs privés pour soutenir la Deep Tech (plans d’investissement, incubateurs spécialisés, crédits de recherche). Concrètement, ces start-ups – par exemple dans l’IA santé ou l’IA industrielle – apportent des solutions pouvant avoir un impact concret (amélioration des traitements médicaux, batteries écologiques, recyclage avancé…). Leur réussite potentielle lors du Hello Tomorrow pourrait non seulement accélérer leur développement (via des financements et clients), mais aussi renforcer l’attractivité de la France en tant que terre d’innovation dans l’IA et la science des données. C’est un signal encourageant pour la compétitivité française et européenne face à la domination souvent évoquée des acteurs américains et chinois dans ces domaines.