GESTION PROJETS IT, REVUE DE PRESSE

Revue de presse – Gestion de projets IT (25 février – 03 mars 2025)

La gestion de projet connaît une évolution rapide, portée par de nouvelles pratiques et technologies. L’intelligence artificielle (IA) y joue un rôle croissant – le marché des outils d’IA pour le management de projet devrait ainsi passer de 3,08 milliards de dollars en 2024 à 3,58 milliards en 2025, soit +16,3 % en un an ( AI in Project Management Market Report 2025 – AI in Project Management Market Forecast and Growth ). Au cours des sept derniers jours, plusieurs actualités marquantes ont illustré ces tendances : innovations en méthodologies Agile, nouveaux logiciels, changements structurels du secteur, défis récents rencontrés sur le terrain, et impact grandissant de l’IA. Tour d’horizon des faits saillants, avec leur analyse et implications pour les professionnels.

Méthodologies Agile/Scrum : évolutions récentes

Dans la sphère Agile, un accent particulier est mis sur le renforcement des compétences techniques des équipes. La Scrum Alliance (organisme international de certification Agile) a ainsi lancé un nouveau micro-certificat « BDD for Agile Teams » pour former les équipes au Behavior-Driven Development. Cet atelier de 8,5 heures vise à “développer des produits avec une plus grande fiabilité et moins de bugs, tout en alignant mieux le produit sur les besoins client et métier” (BDD for Agile Teams – Scrum Alliance Microcredential Course ). L’initiative illustre la volonté d’améliorer la qualité des livrables Agile en diffusant des pratiques avancées (comme BDD) complémentaires aux cadres Scrum classiques. On constate plus largement que les fondamentaux Agile sont à l’honneur, avec un retour aux principes (livraison de valeur, amélioration continue) face à la complexité grandissante des projets numériques, afin d’éviter un “Scrum mécanique” centré sur les rites plutôt que sur l’efficacité réelle de l’équipe.

Nouveaux outils et logiciels de gestion de projet

Plusieurs éditeurs de logiciels de gestion de projet profitent de l’essor de l’IA pour doper leurs outils. Par exemple, la plateforme collaborative Monday.com a dévoilé sa feuille de route “AI Vision” pour 2025, intégrant l’intelligence artificielle à tous les niveaux de son produit (Monday.com Unveils Bold AI Vision Strategy, Empowering 245K+ Customers). Trois axes sont annoncés : des blocs IA modulaires permettant d’analyser les données et d’automatiser la prise de décision, des fonctions améliorées par l’IA intégrées aux applications (gestion des ressources, analyse prédictive des risques, support client automatisé, etc.), et une “workforce” numérique d’agents autonomes. Ces agents intelligents, dont le premier (Monday Expert) doit être lancé en mars, guideront les utilisateurs, exécuteront des tâches de façon autonome (par exemple évaluer les risques projet ou débloquer des processus) et amélioreront la productivité. Cette annonce s’inscrit dans une tendance plus large du marché : des outils bien connus comme Jira, Asana ou Trello incorporent également de l’IA pour aider à la planification, au suivi des tâches ou à la communication d’équipe. Les chefs de projet disposent ainsi de solutions de plus en plus puissantes, bien que l’adoption effective de ces nouvelles fonctionnalités dépende de la maturité numérique des organisations.

Tendances du secteur : hybridation et ressources sous tension

Du côté des méthodes, l’hybridation Agile/Waterfall s’affirme comme une tendance de fond. De plus en plus d’organisations combinent en effet les approches traditionnelles en cascade avec l’Agile pour s’adapter aux besoins spécifiques de chaque projet. L’adoption de ces méthodes hybrides a fortement augmenté ces dernières années, passant d’environ 20 % des projets en 2020 à 31,5 % en 2023 (17 Agile Statistics You Need to Know in 2025). Cette progression de 57 % illustre que les entreprises ne veulent plus opposer Agile et cycle en V, mais cherchent au contraire à en tirer le meilleur des deux. Le PMI (Project Management Institute) note d’ailleurs que près des trois quarts des professionnels anticipent une utilisation accrue des approches Agile et hybrides dans leur organisation. Pour les chefs de projet, cela implique de maîtriser un éventail élargi de pratiques et de savoir jongler entre flexibilité et planification rigide selon les phases du projet.

Parallèlement, la pénurie de talents qualifiés pèse sur les capacités des entreprises à mener leurs projets de transformation numérique. Dans certains pays, le manque de ressources est criant : ainsi en Allemagne, la presse économique souligne une “pénurie particulièrement forte de candidats dans les professions STEM” (sciences, technologie, ingénierie et maths), qui met l’économie “sous forte pression d’innover et de se transformer” (8 Project Management Trends 2025 – Where Are We Headed). Ce déficit de compétences techniques et managériales complique la constitution d’équipes de projet performantes et risque d’entraîner surcharges de travail et retards. En réponse, les organisations investissent dans la formation continue et la certification (comme illustré par les nouvelles offres Scrum Alliance) et s’ouvrent à des profils divers (y compris hors informatique) pour renforcer leurs effectifs. La gestion de projet tend ainsi à évoluer vers plus de transversalité des compétences et de collaboration inter-métiers pour pallier ces difficultés de recrutement.

Défis récents dans les projets numériques

Malgré les progrès méthodologiques et outils, des incidents majeurs rappellent les défis permanents de la gestion des systèmes critiques. Fin février, plusieurs grandes banques britanniques ont subi une panne simultanée de services en ligne le jour de paie, empêchant de nombreux clients d’accéder à leurs comptes (Major UK banks hit by payday digital banking problems again | Computer Weekly). Cet incident, survenu un mois à peine après une panne similaire de trois jours chez Barclays, suggère une cause systémique – possiblement un fournisseur ou logiciel commun – étant donné la coïncidence entre établissements. Les experts bancaires notent que les fins de mois sont normalement évitées pour tout changement IT, afin de limiter le risque d’indisponibilité durant les périodes sensibles. Ce nouvel épisode d’indisponibilité souligne la complexité de maintenir une disponibilité 24/7 sur des applications grand public, et l’importance d’une gestion de projet rigoureuse lors des mises à jour de ces plateformes vitales (planification des déploiements, tests de charge, plans de secours). Pour les professionnels, cela rappelle que la gestion des risques techniques et la coordination avec les fournisseurs externes restent au cœur du pilotage de projet, même en exploitation.

Par ailleurs, les conséquences de projets informatiques mal maîtrisés continuent de se faire sentir, parfois des années après. La saga du système Horizon de la Poste britannique en est l’exemple le plus frappant : ce logiciel défectueux avait injustement accusé des centaines de gérants de poste de détournements de fonds dans les années 2000, entraînant licenciements et poursuites à tort. La semaine dernière, un pas important a été franchi vers la réparation de cette injustice historique. Selon le cabinet d’avocats représentant plus de 100 anciens gérants affectés, des “progrès positifs” ont été réalisés avec les autorités pour indemniser les victimes du système incriminé (prédécesseur de Horizon) (‘Positive steps’ in redress for Post Office Capture victims | Computer Weekly). Concrètement, le gouvernement britannique a mis en place un plan d’indemnisation financière et commence à annuler les condamnations des personnes mises en cause à tort par l’ancien logiciel de comptabilité (“Capture”). Cette actualité rappelle l’impact humain et financier immense des échecs de projets IT : des vies ruinées, des procès sur des décennies, et au final des compensations coûtant des millions. Pour les chefs de projet et DSI, le cas Horizon souligne l’impératif d’une gouvernance robuste, de tests rigoureux et d’une vigilance éthique lors du déploiement de systèmes numériques critiques, afin d’éviter de telles tragédies à l’avenir.

Impact de l’IA et innovations technologiques sur le management de projet

Les innovations en matière d’IA transforment progressivement les pratiques de gestion de projet, offrant des opportunités d’efficacité mais soulevant aussi de nouveaux enjeux. Désormais, l’IA s’intègre aux tâches quotidiennes du chef de projet : elle permet déjà d’automatiser la planification (calendriers, assignations), le suivi du temps ou la production de rapports de conformité, et même d’anticiper les retards et dépassements budgétaires grâce à l’analyse prédictive (AI: The new architecture of project success). Selon Bret Tushaus (VP produit chez Deltek), qui observe cette évolution dans le secteur de la construction, ces outils d’IA font gagner en proactivité en signalant à l’avance les risques de dérive. Les entreprises pionnières dans leur adoption constatent une amélioration des délais de livraison et une meilleure précision des prévisions budgétaires. En outre, l’arrivée de “agents” pilotés par IA (assistants virtuels) capables d’exécuter des instructions complexes et d’interagir avec les systèmes promet de décharger encore davantage les chefs de projet des tâches répétitives. Par exemple, un agent pourrait préparer chaque semaine un compte-rendu automatique des informations clés du projet pour l’équipe, à partir des emails, documents et données dans les outils – un gain de temps considérable pour le manager.

Cependant, tirer pleinement parti de ces avancées suppose une évolution des compétences et des mentalités. Les organisations constatent qu’il est indispensable de former leurs équipes projet à l’utilisation de l’IA et des données, et de développer une culture numérique ouverte aux nouveaux outils (AI: The new architecture of project success). Le rôle du chef de projet tend d’ailleurs à se redéfinir en profondeur : moins centré sur le suivi administratif, il devient un stratège technologique, capable de collaborer avec les data scientists et de comprendre les limites comme les atouts des algorithmes. Cette hybridation des savoir-faire (mélange de management traditionnel et de connaissances IA) devient cruciale pour décider quand s’appuyer sur l’automatisation et quand l’intervention humaine reste primordiale. En ce sens, la montée en puissance de l’IA s’accompagne d’une demande accrue de formations ciblées et programmes de développement des compétences, pour que les professionnels puissent travailler main dans la main avec ces « coéquipiers » artificiels. L’objectif est que l’IA augmente la capacité des équipes sans la remplacer, en assumant le labeur répétitif et en laissant aux humains les arbitrages complexes et la créativité. À terme, cette alliance homme-machine pourrait améliorer significativement la réussite des projets, à condition d’investir dès maintenant dans l’acculturation et l’outillage adéquats.

Sources

1 commentaire

  1. […] de projets IT (25 février – 03 mars 2025), blog ElegArtech (analyse des tendances Agile/IA) (https://www.elegartech.fr/revue-de-presse-gestion-de-projets-it-25-fevrier-au-03-mars-2025/#:~:text=…).20. Laurène Boussé – « Les offres d’emploi dans le numérique ont augmenté de 66 % en 4 […]

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